Folie
Il y a quelqu’un. Il porte une aube qu’on imagine légère.
Sur cette aube, la blancheur est tâchée. On pense, elle est ancienne, elle est sale. On n’y pense plus.
Les cheveux de l’être sont longs. On les voit bruns, bouclés. Normaux. On les efface.
Il est immobile. On croit que ses mains, fines et petites, ne bougent
pas. Bras tendus, jambes et pieds serrés ; son corps forme une croix.
On cherche son visage. Son expression est neutre. Toute cette personne est neutre. Elle n’inspire rien.
On est intrigué, on ne comprend pas.
On baisse les yeux. Oh ! On voit quelques traces, quelque chose, quelqu’un.
Il y aurait deux êtres ?
On est surpris. On ne pensait pas à ça.
L’autre est encore plus immobile. On ne le sent pas comme soi. On regarde. On cherche. On comprend.
Il est mort. On s’arrête.
On s’y fait.
On repart.
A côté du corps, à côté de l’être, entre le vivant et le mort, on
voit la lame. L’âme ? La larme alarme, mais on ne veut pas. On ne veut
rien. On ne voit pas bien. On s’enfuit.
On oublie et c’est tout.
Je… vois. Je vis… Non.
Je vois sa silhouette. C’est sa faute… C’est sa faute si je meurs.
Pourquoi ? Qui est-ce ?
C’est trop tard.
Ma conscience me crie « tu as tort ! ». Je m’en fous.
J’ai envie, je le veux. Lui, elle, ou même moi. Qu’importe ?
La lame est si jolie, me donne confiance en moi. Ma conscience me
dit « tu as tort. ». Et c’est tout. Je m’en fous. C’est comme ça.
J’attends, j’entends. Je me tends. Ca approche. Tout est prêt. Ca commence, je bondis.
Silence quand je patiente. Silence quand j’agis. Silence quand je finis.
Ma conscience m’oublie.
Je regarde deux yeux qui se tendent vers moi. Moisissure dans les miens, la victime meure sous eux.
Ca y est.
juin 2006